Bon, vous saviez que ça allait arriver, et je dois avouer que cette partie a été beaucoup plus facile à écrire. Tellement plus facile que j’ai dû me freiner pour ne pas dépasser les 5000 mots et des poussières et en faire plusieurs articles.
Pour être honnête, je ne tape pas sur Vegas parce que ça m’amuse. J’ai essayé de l’aimer. Vraiment.
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Je pensais même tellement l’aimer que j’ai pris mes cliques et mes claques et que j’y ai emménagé. J’y ai vécu 6 ans et j’ai tout essayé (dont déménager trois fois) pour que ça marche entre nous. La plupart de ceux d’entre vous qui disent aimer Vegas et m’accusent de la critiquer gratuitement ne peuvent probablement pas en dire autant.
Je ne suis pas resté chez moi à rêver d’emménager à Vegas. Je me suis bougé le cul et j’y suis allé. Je suis venu, j’ai vu, j’ai vécu, je m’y suis plongé et j’en ai fait l’expérience moi-même.
Il y a toute une frange de la population qui préfère qu’on ne touche pas au mythe Las Vegas. Une autre partie gagne de l’argent en vivant à Vegas et/ou en en faisant la pub.
Ces deux groupes détestent ce que je fais et seront probablement outragés par cette liste. Je m’en fous.
Si vous êtes un intégriste du « I LOVE VEGAS », vous risquez de ne pas beaucoup apprécier ce qui suit. Je vous aurai prévenu.
Pour tous les autres, prenez cette liste pour ce qu’elle est.
Mon avis. Pur et simple.
1) La météo
De très très loin la principale raison de mon départ.
Normalement, une planète a besoin de trois choses pour survivre. De l’eau, un sol fertile, et une source d’énergie.
Las Vegas ne possède que l’un des trois. Le soleil comme source d’énergie.
Il ne tombe que 10cm de pluie par an à Vegas. Pour que vous vous rendiez bien compte, la moyenne aux États-Unis est de 1 mètre. Soit dix fois plus que ce qui tombe à Vegas. Cette absence d’eau, combinée à une chaleur extrême, fait que c’est un environnement inhospitalier à toute forme de vie. J’imagine que c’est pour ça que ça s’appelle le désert. Tous les organismes vivants l’ont déserté.
Oh bien sûr rien ne vous empêche de rester enfermé chez vous avec la clim à fond la moitié de l’année… Mais du coup il vaut mieux vous habituer à des joyeusetés telles que de l’air perpétuellement recyclé, des saignements de nez, les yeux secs, la peau sèche, et cette sensation diffuse d’inconfort, que quelque chose cloche. Nous les humains ne sommes pas faits pour vivre dans une bulle climatique artificielle. J’veux dire, John Travolta est obligé de le faire pour raisons de santé, mais pas nous.
L’hiver est un peu plus sympa, toute proportions gardées. Il fait toujours un temps ensoleillé et sec, mais au lieu de la chaleur il souffle en permanence un vent froid qui rend l’extérieur à peu près aussi désagréable que l’été.
De plus, une météo aussi chaude et sèche ne favorise pas les activités intellectuelles telles que l’écriture ou la lecture. J’ai l’intime conviction que le temps est en partie responsable de l’apathie intellectuelle qui touche tout Vegas, et je crois que ça ne touche pas que les natifs. Après à peine quelques années, j’ai moi-même commencé à avoir du mal à me concentrer et à mettre en marche mon esprit créatif. Las Vegas n’est pas propice à la réflexion ou la création, elle est propice à s’éclater, faire la fête et hurler comme un perdu « Vegas baby ! ».
Je comprends que le climat ne dérange pas les touristes, moi-même je le supporte très bien pendant quelques semaines. Mais ça s’estompe rapidement. Croyez-moi. 40° c’est sympa une semaine. Au bout de 90 jours, c’est un calvaire.
Sur l’année, le climat de Vegas est « parfait » entre 8 et 12 semaines, mais ces trois mois ne suffisent pas à compenser 9 mois de misère.
Même si j’adorais Vegas, la météo aurait fini par me rendre la vie là-bas impossible.
Tout dépend de votre capacité de résistance.
2) Les gens
Ça s’est joué de peu pour la première place du classement, mais finalement j’ai dû mettre ça en deuxième parce qu’après tout il me reste quelques amis à Vegas et que oui, il y a des gens décents dans cette ville… Bien qu’ils soient très peu nombreux et très dispersés.
La réputation de Las Vegas fait qu’elle attire les 10% inférieurs de la population des États-Unis. En gros, tous ces gens qui ne pourraient s’en sortir nulle part ailleurs, auxquels il faut ajouter des banlieusards qui pensent pouvoir effacer leur passé peu glorieux baignés dans la lumière des néons du Strip.
Dans sa chanson, Frank Sinatra parle de New-York et nous dit : « if I could make it there, I could make it anywhere » (si j’y arrive là-bas, j’y arriverais n’importe où), et je suis assez d’accord. New-York est une ville très Darwinienne et très compétitive où il faut se battre pour arriver à se démarquer. En général, les frimeurs dénués de talent ne font pas long feu.
Las Vegas est l’exact opposé de New-York. S’y concentrent les gens qui justement ne peuvent pas y arriver « là-bas ». « Là-bas » désignant n’importe quel endroit qui demande une once de compétence.
Vous n’avez plus le droit d’exercer la médecine à Chicago ? Pas de problème, venez prendre un nouveau départ à Las Vegas. On est prêt à tout, on prend tout le monde. Ah et s’il vous plaît, achetez une maison.
Prof d’histoire à Boston, vous avez abusé d’une mineure de trop ? Pas de problème, venez prendre un nouveau départ à Las Vegas. Vous avez un pouls, on vous embauche. Ah et s’il vous plaît, achetez une maison.
Pas capable de faire la monnaie sur un dollar ? Pas de problème, venez à Vegas, où aucun caissier n’en est capable non plus. Vous vous intégrerez facilement. Ah et s’il vous plaît, achetez une maison.
Trop paresseux pour apprendre l’anglais ? Ça alors, on cherchait justement quelqu’un comme vous ! Achetez une maison et placez une voiture sans roue dans votre jardin. S’il vous plaît.
Les gens viennent souvent vivre à Vegas dans l’espoir de se réinventer, et ce n’est pas une mauvaise chose en soi, sauf qu’au final on se retrouve avec une ville sans identité propre parce que la moitié de ses habitants ne savent même pas qui ils sont.
En plus de ceux qui cherchent à se créer une vie un peu plus glamour, la ville attire également un certain nombre de gens dont la mentalité se résume à « des thunes, et vite ». Ces gens-là sont en général convaincu qu’ils vont gagner une montagne de billets verts en un claquement de doigts, et quand ils n’y arrivent pas (soit, toujours), ils ont tendance à devenir aigris, énervés et grossiers.
Et enfin le dernier type de personnes qu’attire Vegas sont les « chelous ».
Y’a deux sortes de chelous dans le monde :
1- L’intello introverti, créatif, végétarien et un peu asocial.
2- Le chelou pas bien malin tendance pervers dont il se pourrait bien qu’il ait au moins trois corps en décomposition dans son garage.
Y’a beaucoup de gens chelous à Las Vegas, mais absolument aucun d’entre eux n’appartient à la première catégorie, et 100% appartiennent à la seconde.
Des endroits comme Austin, Portland, Olympia ou Berkeley ont tendance à attirer les premiers, et Las Vegas les autres. Je sais pas pourquoi.
Entre les fonceurs bidons, les dégénérés sur le déclin, les transfuges du tiers-monde, les arnaqueurs, les incultes chroniques et ceux qui sont tout simplement trop bizarres… Je ne me suis jamais vraiment senti chez moi à Las Vegas.
Si vous vous reconnaissez dans l’une des catégories ci-dessus, j’ai une ville pour vous !
Ah et s’il vous plaît, achetez une maison.
3) Il n’y a pas de boulot
À Las Vegas, il n’y a qu’une seule industrie, et elle est en crise. L’autre jour j’ai lu qu’une annonce pour un job de serveuse avait reçu près de 500 candidatures, et quand 500 personnes sont prêtes à se battre pour être serveuse, tu sais que les choses vont mal.
L’industrie hôtelière va peut-être se relever, mais quoi qu’il en soit ça reste un seul et unique secteur.
Le tourisme.
Et bien que Vegas soit très populaire auprès des touristes, il n’est pas réaliste d’imaginer qu’une ville aussi grande puisse s’appuyer uniquement sur le secteur tertiaire. Il est tout simplement nécessaire qu’une ville de cette taille diversifie son économie pour prospérer.
Technologie, finance, production… Il n’y a rien de tout ça à Vegas, et ça va finir par précipiter la ruine de la ville.
Quand les jeux en ligne vont prendre le pas sur les casinos « en chair et en os » (et ça va arriver), deux millions de personnes n’arriveront plus à payer leurs crédits en organisant des piscines-partys.
Aujourd’hui, il y a littéralement zéro opportunité sur le marché de l’emploi… Sérieux, même les strip-teaseuses se barrent.
Comme les grands casinos contrôlent plus ou moins les autorités politiques de Vegas, les grands groupes nationaux hésitent (que ce soit justifié ou non) à se délocaliser à Las Vegas parce qu’ils voient la ville comme une arnaque géante. Personne ne prend Vegas au sérieux.
Citibank a déménagé une partie de son secteur dédié aux cartes de crédits il y a des années, mais avec pour condition que ne soit jamais utilisée leur adresse à Vegas. Ainsi naquit « The Lakes, Nevada ». Les entreprises ont peur qu’être associées à une ville comme Las Vegas puisse entamer leur légitimité, et c’est difficile de leur en vouloir pour cela.
La réputation de Vegas a peu de chances de lui permettre d’attirer de nouveaux emplois, ce qui veut dire que de plus en plus de gens se battront pour de moins en moins de postes. Ce déséquilibre entre l’offre et la demande conduira à une baisse des salaires et des avantages et à une détérioration des conditions de travail.
On commence déjà à en voir les effets.
Cette baraque à 90000$ sur laquelle tu louches n’est pas une si bonne affaire que cela si ton salaire est de 0$.
Pour résumer, il faut un boulot pour survivre, alors si vous n’en avez pas déjà un, mieux vaut rester aussi loin que possible de Vegas.
La situation est déjà catastrophique, et ne va faire qu’empirer.
4) Le système de santé
Bien que l’immobilier ne coûte quasiment rien, la raison pour laquelle je déconseille aux gens de prendre leur retraite à Vegas est la qualité de notre système de santé.
Entre l’état déplorable du système de santé et la guerre sans relâche que mènent les médias locaux contre l’accès aux médicaments, vous avez intérêt à être prêts à mourir d’une mort lente et douloureuse au cas où vous tomberiez malades ici.
Quant aux professionnels, Vegas attire le pire du pire. Réfléchissez une seconde, pourquoi un diplômé de médecine de Harvard qui termine major de promo voudrait exercer à Vegas ? Pourquoi serait-il attiré par une ville de jeux en plein milieu du désert ?
La réponse est simple, Vegas ne l’attirera pas, et en règle générale, il ne viendra pas.
J’avais rendez-vous chez le médecin fin juillet, et la salle d’attente ressemblait à l’affiche d’un film de propagande anticommuniste. J’étais le seul anglophone dans la pièce (staff inclus) et les locaux étaient tellement dégueulasses que je m’attendais à ce qu’un poulet traverse la pièce en courant d’une seconde à l’autre. Une fois face au docteur, il m’a écouté pendant environ 30 secondes puis m’a griffonné une prescription pour un examen avant de quitter la pièce. Je ne l’ai pas revu. Ma mutuelle a été facturée 120$ pour ces 30 secondes de consultation. Pour un soi-disant « Examen complet ».
Pourquoi ne me suis-je pas plaint de cette visite dans un autre article ?
Parce que c’est la meilleure et la plus complète des consultations que j’ai pu avoir dans cette ville.
Lorsque j’ai été hospitalisé il y a quelques mois, j’ai vu mon médecin une fois en trois jours, bien que m’aient été facturées 5 consultations.
Comme la majorité des choses à Vegas, le système de santé a pour moteur l’argent facile et rapide. Il ne s’agit pas vraiment de « soins », mais plutôt de facturer le plus d’argent possible pour des procédures qui sont soit inexistantes, soit bâclées. Si vous suivez les Simpsons, vous connaissez un exemple typique des médecins de Vegas… Le docteur Riviera. Parfois l’Art imite effectivement la Vie.
Ici, vous ne trouverez pas la crème de la crème des cardiologues. Les seuls spécialistes talentueux que Vegas intéresse sont généralement les chirurgiens esthétiques qui peuvent empocher rapidement un bon butin en raffermissant des culs, gonflant des lèvres et retouchant des seins.
Si vous voulez faire gonfler vos airbags, Vegas est l’endroit parfait. Par contre, si votre santé requiert des visites fréquentes chez le médecin, vous avez intérêt à aller à Cuba plutôt qu’à Vegas. Et je dis ça en toute sincérité et sans la moindre trace d’ironie.
J’ai fêté mes 42 ans cette année, et pour des raisons qui me sont propres, il est probable que j’aie besoin de pas mal de soins au fur et à mesure que les années passent. Savoir qu’il me serait impossible d’avoir accès à des soins de qualité à Vegas a été une autre des raisons clés de mon déménagement.
Je vous en prie, si vous avez quelque problème de santé que ce soit, n’emménagez pas à Vegas. J’irais même jusqu’à vous conseiller de ne même pas y mettre les pieds.
N’attendez pas d’en avoir la preuve, d’ici là il se pourrait qu’il soit trop tard.
5) La Gestapo
Ce qui m’est arrivé alors que je me rendais aux urgences en mars est probablement l’événement qui a fait basculer définitivement ma vision de Vegas.
Les meurtres de Trevon Cole et du Costco (Erik Scott) n’ont fait que me conforter dans mon idée.
Les flics de Vegas sont complètement hors de contrôle.
Et lorsque je suis tombé sur une dame en pleurs qui venait de se faire braquer sur le parking du Smith’s, ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Durant mes derniers mois à Vegas, je suis devenu un peu parano. Après avoir écrit quelques articles pas très flatteurs envers la police locale, je savais que j’étais en sursis. Il n’est pas très difficile de remonter le fil de mon article de blog à un incident inscrit sur la main-courante, donc après ma petite visite aux urgences, je me suis dit que la police de Las Vegas avait dû pouvoir retrouver ma plaque d’immatriculation et mes factures. Ils allaient finir par me tomber dessus (ou sur ma famille), et la question n’était pas de savoir « si » mais de savoir « quand ».
Bon pour couronner le tout les gens qui habitaient ma maison avant moi étaient (soi-disant) des trafiquants de drogues. Deux fois des officiers sont venus munis de mandats d’arrêt adressés aux anciens occupants, et nous avons dû leur prouver que nous n’étions pas les suspects en question.
Tout cela ne pouvait qu’aller en empirant. Bien conscient qu’à Vegas le fait que les anciens locataires aient été des « méchants » soit suffisant pour défoncer ma porte à n’importe quel moment, je savais qu’un membre de ma famille pourrait très facilement être abattu pour avoir fait un « mouvement brusque ». J’avais peur en permanence. Je me sentais comme une espèce d’Anne Frank fluo.
En ce moment, Las Vegas grouille de flics à cause du recrutement en masse pendant les années de « gloire », et ces flics ont besoin de faire des arrestations et des saisies pour financer leurs opérations. Maintenant que les taxes ne rapportent plus autant, le maintien de l’ordre est devenu une source de « financement créatif » pour arriver à payer les salaires. Voilà pourquoi ils mettent des prunes de 500$ à des gens en route pour l’hôpital.
On rafle des maisons de tous les côtés, on blesse et tue des gens, et le Département de Police de Las Vegas encourage explicitement les contribuables à « dénoncer » leurs voisins si par hasard ils remarquent quelque chose d’inhabituel. Ces signalements se retrouvent ensuite devant un juge qui se dépêche d’approuver l’envoi d’une brigade, du genre qui ne frappe pas aux portes.
De quoi vous donner des sueurs froides.
Je n’exagère pas quand j’affirme que le Las Vegas de 2010 est à 100% un état policier. Littéralement. La police dirige la ville et fait ce qu’elle veut en complète impunité. Et cela inclut tuer des gens de sang froid.
Les forces de police locales sont constituées en grande majorité de gens venant de l’extérieur et qui ne ressentent donc aucun lien affectif avec la communauté. La plupart d’entre eux viennent ici pour se former avant de travailler dans une vraie ville. Du coup, cela fait d’eux une force d’occupation et les habitants de la ville leur cobayes. Leurs outils d’entraînement. Leurs marionnettes.
Je dirais que les flics de Las Vegas traitent les habitants de la ville de la même façon que les soldats américains traitent les habitants de Bagdad. C’est à dire avec mépris, suspicion, et comme des gens dont la vie a bien peu de valeur.
J’ai plusieurs fois été confronté aux forces de police tout au long de mon séjour ici, et à chaque fois cela a été tout sauf professionnel.
Je suppose qu’on pourrait argumenter que c’est moi le problème, mais je pense que cela serait une erreur. Lorsque je me retrouve en présence de policiers, je suis en mode « oui, monsieur, non, monsieur ». Je suis aussi poli et respectueux que possible. Et contrairement à ma réputation, ma haine de la police n’est pas due au fait que je sois un criminel récidiviste. J’ai reçu quelques amendes, mais je n’ai jamais été arrêté. Je n’en veux pas aux flics parce qu’ils ont perturbé ma perpétration de meurtres en série. À vrai dire, je ne commets même pas vraiment de crimes.
Les flics de Vegas sont hostiles, peu fiables, terriblement bêtes et violents. Peut-être ne le sont-ils pas tous, mais c’est le cas de ceux que j’ai rencontrés.
Personnellement, je pense que la présence d’un état policier devrait être rédhibitoire et devrait suffire à convaincre quiconque de ne pas faire de Vegas leur « chez-eux ».
6) Le trafic
Pendant des années j’ai essayé de n’utiliser que mes braves semelles pour arpenter la ville, mais Vegas n’est en aucun cas adaptée aux piétons. Les pâtés de maisons font quasiment un kilomètre, la plupart sans passage piétons dans l’intervalle, et les automobilistes comme les agents de police ont une attitude ouvertement hostile envers les piétons.
Par exemple, j’ai souvent vu des policiers guetter les piétons qui traversaient hors des passages cloutés dans des endroits où ils devaient parcourir près d’un kilomètre pour pouvoir traverser la rue, sûrs qu’ils allaient pouvoir mettre quelques amendes. Un jeu d’enfants. Au lieu de convaincre la mairie de créer plus de passages piétons, le département de police préfère en profiter pour faire son beurre. Une solution toute Végasienne à un problème très Végasien.
J’ai aussi essayé de me déplacer en vélo, mais là encore ça s’est avéré impossible. La plupart des automobilistes viennent de zones résidentielles ou de la campagne et réagissent très mal à la vue de cyclistes. Ils klaxonnent, ouvrent la vitre pour hurler, te balancent des trucs, et au final c’est beaucoup trop dangereux.
Au final, la seule alternative à la voiture à Vegas sont les bus CAT.
Malheureusement, il s’agit des bus les moins fiables que j’ai eu l’occasion de prendre. Je ne le dis pas méchamment, mais le nombre de vieux quasi-handicapés qui prennent le bus quotidiennement font que le système est complètement inutile pour nous autres qui essayons d’arriver au boulot ou à un rendez-vous à l’heure.
En plus, quand il fait plus de 40° à l’ombre, poireauter à un arrêt de bus n’est pas l’idéal à moins que vous vouliez arriver au boulot sentant aussi bon que les dessous de bras de Courtney Love.
Bien sûr il reste le monorail, mais à moins de vivre à proximité des 5 kilomètres qu’il couvre (soit 0,1% de la population de Las Vegas), ça vous fait une belle jambe.
En résumé, il n’y aucun réseau de transport en commun décent à Las Vegas.
Et c’est inacceptable pour une agglomération de plus de 2 millions d’habitants.
7) L’éducation
Qualifier les écoles de Las Vegas de lieux « d’éducation » est probablement une insulte à l’éducation. En réalité, ici, les écoles sont des services de baby-sitting financés par les contribuables où des Philippines de 19 ans sont payées au lance-pierre pour garder des gamines de 9 ans qui se trimbalent en pantalons moulants avec « pute » brodé sur le cul parce que leurs mamans se sont dit qu’il n’est jamais trop tôt pour se préparer à devenir strip-teaseuse.
Et même si quelques villes de banlieue très éloignées ont une ou deux écoles décentes, globalement le niveau des écoles de Vegas est risible.
C’est la même chose que pour les docteurs, qu’est-ce qui pourrait pousser un prof à vouloir venir enseigner dans une ville comme Vegas ? Et comme pour les docteurs, la vérité c’est probablement qu’ils ne sont pas assez bons pour enseigner ailleurs.
Le Nevada est bon dernier en ce qui concerne le taux de réussite à la sortie du lycée. 51ème sur 51. Seuls 4 élèves sur 10 obtiennent l’équivalent du bac. C’est la même chose dans tous les autres classements ayant trait à l’éducation.
Il y a extrêmement peu de boulots « intellos » à Vegas, du coup les élèves ne sont pas motivés pour apprendre. Et le gouvernement n’a aucune raison de financer l’enseignement.
Cette ville a besoin de barmans, de serveuses, de strip-teaseuses, de dealers et de femmes de ménage… pas d’ingénieurs en aérospatiale ou de chercheurs en pharmacie. On a besoin de ploucs pour nous pondre autant de gamins que possible pour renforcer les rangs de plongeurs au SMIC des hôtels. Las Vegas est une ville extrêmement anti-intellectuelle et on n’y voit pas l’utilité des livres. On ne finance donc pas ce dont on n’a pas besoin.
Les écoles de Vegas sont là pour que les employés des casinos puissent y laisser leurs enfants et pour façonner de nouvelles générations d’employés sous-payés pour les casinos et les hôtels. Ça s’arrête là.
Et on peut dire qu’ils remplissent parfaitement leurs objectifs.
Si c’est la vie que vous voulez pour vos enfants, alors n’hésitez plus à emménager ici et à les inscrire dans une de nos crèches. Si par contre vous voulez qu’ils apprennent à lire, écrire ou savoir rendre la monnaie sur un dollar, alors fuyez.
8) L’immobilier
En 2005, j’envisageais d’acheter une maison ici.
Sérieux.
Heureusement, avant de signer le compromis de vente, j’ai fait ce que je fais toujours : je suis devenu très sceptique. Je me suis débarrassé de la théorie, j’ai arrêté d’écouter les « experts » et j’ai analysé la situation en utilisant ma propre expertise.
J’ai pris ma voiture, vu les kilomètres de terrain libre à à peine 5 kilomètres du centre, et j’ai compris qu’on était en train de monter une arnaque. Le marché immobilier de Vegas était devenu un spam digne des princes Nigérians, et si le moindre acheteur potentiel s’était donné la peine de réfléchir quelques jours, il se serait rendu compte que ce qu’on leur proposait n’était qu’une vaste supercherie.
Malheureusement, comme je l’ai déjà dit, Las Vegas n’attire pas la crème de la crème. Elle attire les idiots et les cupides. S’il y a un domaine dans lequel cela se voit, c’est bien l’immobilier.
Après avoir mené mon enquête, j’ai décidé qu’il était hors de question que j’achète une maison à Vegas. L’offre était beaucoup trop supérieure à la demande.
Évidemment, tout le monde m’a dit que j’étais dingue. « Mais ils ne construisent rien d’autre ! », m’ont-ils HURLÉ.
Pourquoi hurlaient-ils cela ?
Parce que les gens aiment se contenter des clichés. C’est tout prêt et ça évite d’avoir à réfléchir. Les gentilles petites idées toutes faites évitent aux gens d’avoir à justifier leur comportement irrationnel. Du moment que ces clichés ont l’air censés, personne ne se pose de questions.
À chaque fois qu’on m’a rétorqué qu’ils n’aménageaient plus de terrains à Vegas, j’ai répondu : « Ils n’en ont pas besoin, il y a assez de terrain disponible dans le désert de Mojave pour au moins les 10000 prochaines années. »
Et bien que cela soit évident, personne ne m’a cru parce que ça ne sonnait pas bien. Rappelez-vous, cliché > vérité. Toujours.
En 2007, j’étais le seul survivant du clan des sceptiques, et on continuait à me servir le même refrain : « T’es négatif, t’es qu’un misanthrope, tu refuses d’écouter les experts, blablabla… »
Bon les gars, on est en 2010 maintenant… Ils sont où vos experts ? Est-ce qu’ils sont toujours à vos côtés à vous caresser la bite tout en vous félicitant d’avoir investi à Summerlin ?
Non.
Je vais vous dire où ils sont. Ils sont en train de persuader une nouvelle salve de débiles que votre maison fraîchement saisie est une SUPER AFFAIRE. Cette personne qui vous a vendu votre maison attend en ce moment-même que vous vous fassiez expulser pour pouvoir emmener un autre marchand de sommeil californien faire un tour des maisons saisies et empocher une autre commission de 6%.
Pendant que j’étais occupé à être négatif et misanthrope, votre agent immobilier était en train de vous caresser dans le sens du poil. Elle et son grand sourire vous expliquait à quel point vous apprécieriez votre nouvelle maison pendant que vos enfants iraient dans une SUPER école.
Vous pensez toujours que l’optimisme est une qualité ? Ou, comme toujours lorsqu’on parle de Vegas, que ce n’est qu’un moyen comme un autre de vous faire cracher votre argent.
Bon, étant donné qu’il est désormais établi que j’avais raison sur… ben sur tout en fait, est-ce qu’un seul de vous autres optimistes qui se foutaient allègrement de ma gueule s’est donné la peine de venir s’excuser et me dire que j’avais raison ?
Non. Aucun. Zéro.
Personne ne veut admettre que ces soi-disant experts n’étaient qu’une bande de rois nus. Les gens ont du mal à avouer leur propre stupidité et crédulité. Ils préfèrent parler de « mauvais timing ». C’est plus facile à digérer.
La plupart des propriétaires de Vegas sont toujours des Californiens prêt à tout pour suivre la dernière tendance et qui renversent tout sur leur passage avant d’abandonner l’endroit comme si c’était un I-phone de l’année dernière.
L’autre jour je suis allé faire un tour dans mon ancien quartier, et ça ressemblait à une espèce de ghetto de villas. Un quart des maisons étaient à vendre, et il y avait 5 voitures entassées dans une allée conçue pour en accueillir 3. La classe moyenne n’emménage pas à Vegas, et ces grandes villas sont habitées par 2 ou 3 familles plus modestes.
Si vous voulez acheter une maison dans laquelle passer le reste de votre vie, vous pouvez faire une bonne affaire. Le seul inconvénient est que vos voisins seront des Californiens invisibles qui ont encore deux ou trois trucs à faire pour finir de bousiller la ville. Ne comptez pas sur une quelconque notion de « voisinage ».
Par contre si votre idée c’est d’acheter une maison ici pour investir à court-terme, alors tournez-vous. Vous êtes sur le point de vous faire joyeusement enculer par la femme la plus sympathique que vous ayez jamais rencontrée. Et vous y croirez probablement. Après tout, y’a plus de terrain.
L’histoire est destinée à se répéter pour le marché immobilier de Vegas. On en fera de nouveau tout un plat, et il s’écroulera à nouveau.
En ce qui concerne l’immobilier à Vegas, il vaut mieux se remémorer les sages paroles de la Cité de la Peur :
On peut tromper une fois 1000 personnes mais on ne peut pas… Enfin bref, ne vous faites pas avoir.
9) La criminalité
On m’a forcé ma voiture, on m’a cambriolé, et je me suis fait volé tellement de trucs dans cette ville que j’ai arrêté de les compter.
Un jour, à la sortie d’un tournoi de poker au Hilton, quelqu’un avait piqué les réflecteurs de mon vélo. Des réflecteurs qui coûtent à peu près 25 cents, mais apparemment à Vegas, tout se vole. Pendant que je préparais mon déménagement, j’ai sorti un sac de sous-vêtements dans mon allée puis je suis re-rentré dans la maison pour prendre mes clés. Quand je suis ressorti, le sac avait disparu. Oui, oui, quelqu’un a volé un sac de sous-vêtements dans mon allée en moins de 2 minutes. À Vegas, le vol est endémique. Tu pourrais chier sur le trottoir, tourner le dos 5 secondes, et je suis sûr que quelqu’un se précipiterait pour récupérer tes excréments. Oui, à ce point-là.
Les gens à Vegas sont prêts à tout, et avec la crise actuelle, je suppose que d’ici peu les gens commenceront à se braquer les uns les autres sur le trottoir. Dans certains quartiers, c’est déjà le cas. Et avec l’expansion des Ghettos de Villas, mêmes des quartiers comme Summerlin et Henderson seront gagnés par la délinquance.
À Las Vegas, on se garde bien de publier des chiffres qui montreraient que la ville est l’une des plus dangereuses des États-Unis, et à mon avis c’est parce que la majorité des crimes ne sont même pas signalés. Je n’ai signalé aucun des vols dont j’ai été victime. Je doute être le seul dans ce cas. Quand les flics sont pires que les criminels, t’es censé aller voir qui ?
Ici, la réponse est simple : personne.
Las Vegas, c’est tous les inconvénients de l’anarchie sans les avantages. Il n’y a aucun système de protection des citoyens, mais si tu essayes de te défendre, la Gestapo te coffre ou te fait sauter la tête.
Las Vegas c’est bon pour les propriétaires de casinos, les employés du gouvernement local et les très riches. Les autres doivent se débrouiller.
Si vous faites partie de la classe moyenne ou modeste et que vous vivez ici assez longtemps, vous serez victime d’un crime, à un moment ou à un autre. Plusieurs probablement.
Si vous avez de la chance, comme moi, ce ne seront que de petits larcins. Mais il faut rester vigilant.
Oh bien sûr ce n’est pas le genre de trucs dont on vous parle dans les brochures pour touristes, mais mieux vaut le savoir.
10) Anglais langue étrangère
Si vous avez lu l’histoire de la Tour de Babel dans le plus grand livre de fiction du monde (qu’on appelle parfois la Bible), vous savez que c’est un exemple de la façon dont la « diversité » n’est pas toujours l’idéal. Si les habitants d’une région donnée ne peuvent pas se mettre d’accord sur une lingua franca, la société ne peut être que chaotique.
Je ne sais même pas pourquoi c’est un problème qui se pose. Si les gens ont ne serait-ce qu’un gramme d’intelligence, la solution est évidente. Plutôt que de devoir apprendre 12 langues différentes, on attribue une langue à une région donnée, et tous ceux qui veulent y vivre doivent apprendre cette langue en question.
C’est une question de bon sens.
Je me souviens avoir demandé à l’employé d’une boulangerie s’il avait des chaussons aux fruits. Il haussait les épaules, l’air confus, pendant que je répétais « fruits » sur tous les tons. Avant d’abandonner complètement, j’ai décidé d’essayer de le dire en espagnol, « frutas ».
La seconde où j’ai dit ça, son visage s’est illuminé et il m’a répondu « si, si, frutas ! ».
Il a trouvé ça marrant, mais personnellement j’ai trouvé ça plutôt triste qu’un de mes concitoyens ne comprenne pas ce que j’essayais de dire jusqu’à ce que j’ajoute « as » à la fin d’un mot plus que commun en anglais. Pour moi, c’est de la paresse, et c’est scandaleux.
Si j’allais vivre en France, j’apprendrais le français. Si j’allais vivre en Corée, j’apprendrais le coréen. Si j’allais vivre en Californie, je dirais « génial ! » tous les trois mots. S’adapter à la langue locale plutôt que d’attendre que les locaux apprennent ta langue, c’est simplement normal. Je ne pense pas que quiconque me contredirait.
Malheureusement, à cause de notre dépendance à cette main d’œuvre exploitable à souhait, cette bouillie linguistique dépourvue d’intelligence et digne du tiers-monde est non seulement tolérée, mais carrément explicitement encouragée à Las Vegas. Dans beaucoup de quartiers, il est difficile (pour ne pas dire impossible) de trouver quelqu’un qui parle ne serait-ce qu’un peu anglais.
Je l’ai déjà dit et je le dirai encore, si Vegas triplait la qualité de son système médical, on se croirait au Mexique.
Voilà.
Comme ma liste est plutôt longue, je vous fais un petit résumé.
Si vous avez l’intention de venir vivre à Vegas, prenez en compte les facteurs suivants :
Il n’y a pas de boulot, nos écoles sont les pires du pays, notre système de santé est probablement pire qu’au Bangladesh, notre police d’occupation est à la recherche de nouvelles cibles, il n’y pas de transports en commun fonctionnels, les rues sont pleines de gens bourrés et déprimés, il commence à y avoir des mendiants et des clochards partout, le gouvernement est corrompu jusqu’à l’os et n’aura jamais à répondre à personne parce que la population n’est que de passage, le fournisseur d’électricité bénéficie d’un monopole et fait de nous des vaches à lait sous l’oeil bienveillant de notre gouvernement de pourris, et il n’y qu’une seule industrie, qui est en train de s’écrouler.
À part ça, vivre à Vegas c’est super.
N’hésitez pas à venir vivre ici et s’il vous plaît, achetez une maison.