Savez-vous pourquoi les tapis verts… sont verts ? Eh bien sachez que le choix de cette couleur ne doit rien au hasard !
Le troisième tome de l’Histoire sociale et culturelle des couleurs en Europe de Michel Pastoureau, Vert. Histoire d’une couleur est un excellent livre justement consacré à l’étonnante histoire du vert.
Au milieu de l’axe des couleurs, le vert a parfois eu du mal à se faire sa place. Certaines périodes l’ont glorifié, d’autres l’ont snobé voire conspué. Discrète, incertaine et rebelle, la couleur verte a parfois été synonyme de luxe et parfois de grande pauvreté. Couleur « polymorphe », elle a en tout cas toujours été l’une des plus ambiguës en termes de statut.
Durant le Moyen-Âge (particulièrement sur sa fin), le vert longtemps admiré du temps de la chevalerie et de la courtoisie acquiert une très mauvaise réputation. En effet, il est chimiquement instable, se décolore facilement, et les peintres et les teinturiers ont beaucoup de mal à le fixer. Ces contraintes techniques valent alors au vert d’être associé à tout ce qui est instable et changeant. Il représente notamment le hasard, la chance, l’espérance, le destin, et l’enjeu.
Des notions qui ne sont pas étrangères aux joueurs de casino ! C’est sans doute pour cette raison que le tapis des tables de jeux est vert à l’origine. C’est en effet sur ce tapis que se trouve l’enjeu et va se jouer la destinée (même au sens figuré) des participants.
On retrouve d’ailleurs cette symbolique dans le monde du sport et des compétitions : « Qu’il s’agisse des prés sur lesquels se déroulaient les ordalies et les tournois du Moyen Âge, des tapis de jeux ou de cartes apparus aux XVIè et XVIIè siècles, des terrains de sport modernes et même tes tapis verts de conseils d’administration des entreprises, la signification est la même : sur une surface verte une décision est prise, un destin se décide, la fortune choisit son camp. (…) Le vert est la couleur du jeu et de l’enjeu. » (Vert, Michel Pastoureau)
On remarque en outre que même la déesse Fortune (photo) était souvent représentée en robe verte (ou rayée) dans les images de la fin du Moyen Âge, un vert « hasardeux et capricieux qui peut faire basculer le sort de chaque mortel du bon ou du mauvais côté (…) sa roue tourne et entraîne avec elle tous ceux qui lui ont fait confiance. » (Vert, Michel Pastoureau).
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Du Diable au hasard et à l’espérance
Moins glorieux, le vert a aussi un temps été défini comme une couleur fausse car incertaine, hypocrite, trompeuse. Nombre de traîtres emblématiques ont par exemple été habillés de cette couleur : Judas, Caïn, Dalila, ou encore les chevaliers félons de la légende arthurienne.
On la définit longtemps aussi comme frivole, transgressive et libertaire, et même insolente et audacieuse dans la symbolique des chevaliers. De nombreux adjectifs qui siéent là aussi très bien avec les plaisirs coupables du jeu et particulièrement des jeux d’argent.
Couleur du peuple, elle doit aussi porter chance aux joueurs. Au temps des courses de chars, ce sont d’ailleurs les écuries vertes qui gagnaient le plus souvent !
Et ce bien qu’en terme de porte-bonheur ou porte-malheur, le vert n’a pas la même réputation selon les pays.
Le vert a donc longtemps eu une histoire tumultueuse, techniquement instable et difficile à fabriquer comme nous l’avons dit. Ce n’est qu’à partir du XVIIè siècle qu’il perdra ce caractère turbulent, alors qu’il était considéré jusqu’alors comme une couleur excentrique en Europe. Même en photographie, le vert était la première couleur à se ternir. La religion a aussi longtemps joué pour sa mauvaise réputation, puisque le vert fut la couleur de l’ennemi, l’Islam, au temps des croisades.
Pourquoi le Vert est-il la couleur de l’espérance ?
Le Vert de l’espérance est celle de l’amour du temps des troubadours, qui vivent plus pour l’espoir de la relation que pour la relation en elle-même. A Rome on enveloppe les nouveaux-nés dans un linge de cette couleur pour lui souhaiter longue vie. A partir du Moyen Âge c’est aussi la couleur que portent les jeunes filles à marier (qui se retrouve encore aujourd’hui sur les chapeaux des « Catherinettes »), puis lorsqu’elles attendent un heureux évènement. Et même plusieurs siècles auparavant, Saint-Louis dormait dans « la chambre verte » du palais de l’île de la Cité pour concevoir son premier enfant !
Le vert est alors symboliquement la couleur de l’instabilité représentant ce qui bouge, ce qui change, ce qui varie. Les jongleurs et les bouffons s’habillent ainsi en vert. Les jeux d’argent s’organisent sur des tables tapissées de vert. Elle représente la chance, l’infidélité, la jalousie et l’immaturité.
Il est aussi associé à certaines superstitions négatives : les comédiens refusent de s’habiller en vert (la couleur verte étant fabriquée à partir de cyanure, les comédiens transpirants beaucoup absorbaient le cyanure et tombaient gravement malades), les livres en vert seraient les moins vendus… Une couleur qui a donc également longtemps été considérée comme dangereuse.
Le Vert, une couleur ambivalente, audacieuse, incertaine… à l’image du Jeu !
Si la couleur du tapis des salles de jeux n’a pas changé, c’est aussi car dès le XVIIIè siècle le vert symbolise l’argent. Il est notamment la couleur de l’avarice et de la cupidité, des créatures du diable… Et à cette époque, sous l’influence de la religion catholique, manipuler de l’argent est très mal vu. Avec la révolution protestante cela perdra cependant un peu de son discrédit.
Son association avec l’argent s’est définitivement inscrite dans les consciences avec l’arrivée du dollar et des fameux billets verts (alors qu’auparavant on associait plutôt la monnaie au doré ou l’argenté).
Comme toutes les couleurs sont ambivalentes, le vert a aussi une bonne image : il est la couleur de la beauté, du printemps, de la fraîcheur et du renouveau, de la jeunesse, de la gaieté, de l’espérance. Couleur de l’émeraude, de la nature, il a souvent été une couleur reposante pour les yeux et l’âme.
Progressivement, les bons côtés du vert ont été plébiscités, et de nos jours le vert est même devenu la deuxième couleur préférée des Européens (derrière le bleu). Aujourd’hui il est souvent associé à l’hygiène et le sanitaire, la santé, la médecine et la pharmacopée, l’écologie…, et même devenu très tendance (vacances, loisirs…) et moderne. En 2021 le vert est plus que jamais à la mode !
C’est donc une couleur apaisante et salvatrice, dynamique, vigoureuse et même symbole de liberté, depuis que le vert a été choisi en opposition au rouge pour les feux de circulation !
Pour autant, le « côté obscur » du vert a continué à influencer nos sociétés contemporaines : les célèbres « petits hommes verts » martiens sont ainsi les descendants directs des créatures diaboliques vertes ou verdâtres (et versatiles) du Moyen-Âge.
Il a aussi longtemps été la couleur du poison et de la sorcellerie, de la mort, la maladie, des revenants…
Quand le Vert devient le symbole du Jeu
De la Fortune vêtue de vert aux affaires d’argent, le pas a été franchi à la fin du Moyen Âge ou au début de l’époque moderne, et le vert est peu à peu devenu la couleur de l’argent, des dettes et du jeu. Dès le XVIè siècle, à Venise et ailleurs, les tables de jeu se couvrent d’un tapis vert, couleur qui symbolise tout ensemble le hasard, l’enjeu, la mise et l’argent que l’on va gagner ou perdre. Au siècle suivant, le français qualifiera de « langue verte » le jargon rude et imagé des joueurs de cartes, assis autour d’une table verte.
(tiré de Vert, Histoire d’une couleur – Michel Pastoureau)
En définitive l’histoire du Vert a été à son image : tumultueuse, incertaine, frivole, lui octroyant tantôt une image négative, tantôt positive. Il n’y a ainsi pas d’autre couleur qui pouvait le mieux représenter l’univers du jeu à travers la couleur principale des tapis de jeux de casino ou autres tables de poker.
Et même si aujourd’hui on voit de plus en plus souvent des couleurs de tapis d’autres couleurs (bleues, noires, voire rouges), le tapis vert reste la couleur numéro 1 des tables de jeu !
Bonus 1 – Michel Pastoureau raconte les couleurs dont le Vert dans une petite vidéo :
Bonus 2 – Aimez-vous le Vert ? Podcast de Michel Pastoureau dans les Lundis de l’histoire sur France Culture
► https://podcloud.fr/podcast/les-lundis-de-lhistoire/episode/aimez-vous-le-vert
Bonus 3 – La couleur verte, histoire d’un fait de société (dans l’émission « Ce soir ou jamais »)